La religion en Mongolie

La Mongolie, terre des vastes steppes et des montagnes imposantes, est également le berceau de traditions religieuses anciennes et diverses. Historiquement, deux courants religieux prédominent : le bouddhisme mongol et le chamanisme. Cependant, au travers de l’histoire tumultueuse du pays, la scène religieuse a évolué, souvent en réponse aux bouleversements politiques et sociaux.

Le bouddhisme en Mongolie

Le bouddhisme mongol trouve ses racines dans le XVIe siècle, lorsque le roi Altan Khan fut converti par des lamas tibétains. Ainsi débuta l’ère du bouddhisme tibétain ou lamaïsme en Mongolie. Ce courant appartient à la tradition du bouddhisme tantrique (Vajrayana), une branche de la grande école du Mahayana. Avec l’avènement du bouddhisme, la structure sociale du pays subit une transformation profonde. Les monastères devinrent des centres de pouvoir et de savoir, influençant largement la vie politique et culturelle.

C’est sous la dynastie Yuan (1271-1368) que le bouddhisme gagna réellement en importance parmi les Mongols, avec les empereurs se convertissant au bouddhisme tibétain. Cependant, après l’effondrement de l’Empire mongol, les pratiques chamaniques indigènes reprirent de l’importance, jusqu’à une nouvelle résurgence bouddhiste aux XVIe et XVIIe siècles. La Mongolie, en cette période pré-révolutionnaire, était dirigée par une série de Bouddhas vivants ou Jebtzun Damba, le dernier étant déposé par les communistes.

Dans les années 1920, la Mongolie comptait environ 100 000 moines, soit un tiers de la population masculine. Mais les répressions communistes des années 1930 apportèrent des changements drastiques. Environ 17 000 moines furent exécutés et presque tous les monastères furent détruits. Il fallut attendre la chute du communisme en 1990 pour voir un renouveau religieux, avec l’ouverture de 110 monastères bouddhistes.

Chamanisme Mongol

Le chamanisme, ou Böö mörgöl en langue mongole, est une pratique animiste et chamanique qui plonge ses racines dans l’histoire la plus ancienne de la Mongolie. Cette religion ethnique des Mongols était à l’origine associée à tous les aspects de la vie sociale et de l’organisation tribale. Genghis Khan, figure emblématique de l’histoire mongole, joua un rôle central dans l’intégration du chamanisme comme élément clé de la tradition mongole. À son époque, les Mongols vénéraient « Hoh Tenger » (ciel bleu), croyant que le ciel est le père et la terre, la mère de tous les êtres.

Le chamanisme implique des pratiques spirituelles telles que les voyages visionnaires contrôlés dans des réalités alternatives pour contacter des esprits guides. Ce système n’est pas affilié à une religion organisée mais est plutôt une technique d’extase où l’esprit quitte le corps pour communiquer avec des aides spirituelles.

La hiérarchie spirituelle de la société mongole basée sur les clans était complexe, avec des tengri (dieux) et les plus hauts esprits, les natigai ou « mères-terre ». Les chamanes (malemales et femelles) jouaient divers rôles, tels que guérisseurs, faiseurs de pluie, nécromanciens, devins et officiant divers rituels. Le Mausolée de Genghis Khan, situé dans la ville d’Ordos en Mongolie intérieure, est un centre important de cette tradition chamanique.

La répression soviétique du XXe siècle mit à mal cette pratique, mais elle revint en force après 1990. Aujourd’hui, 2,5% de la population mongole, soit environ 82 422 personnes, se déclarent adeptes du chamanisme. Les chamanes contemporains offrent des services divers allant de la guérison à la divination et conduisent même des entreprises avec des bureaux dans les grandes villes.

Autres religions en Mongolie

Bien que le bouddhisme et le chamanisme dominent, la Mongolie compte aussi de petits groupes d’autres religions. L’islam, pratiqué principalement par les Kazakhs, une ethnie vivant à l’ouest du pays, représente 3,2% de la population, soit environ 105 500 personnes. L’ouverture de la Mongolie après 1990 a également attiré des missionnaires chrétiens, souvent source de débats au sein de la société mongole. Aujourd’hui, 1,3% de la population est chrétienne, soit environ 42 859 personnes, réparties parmi les protestants, catholiques, orthodoxes et mormons.

De plus, des religions telles que la Foi Bahá’íe et l’Hindouisme ont établi leurs racines en Mongolie dans les années 1980 et 1990, respectivement. Ces petites communautés restent relativement marginales mais signifient l’importance croissante de la liberté religieuse dans le pays. Lors d’un voyage en Mongolie organisé par une agence de voyage locale, il est possible de découvrir cette diversité religieuse en visitant les lieux de culte et en observant les pratiques religieuses traditionnelles et contemporaines.

Liberté religieuse en Mongolie

Depuis la transition vers une république parlementaire dans les années 1990, la liberté religieuse en Mongolie a connu de grands progrès. En effet, en 2023, le pays obtint le score parfait de 4 sur 4 en matière de liberté religieuse. Cette note témoigne de l’engagement de la Mongolie à protéger les droits fondamentaux de ses citoyens à pratiquer leur religion librement, sans crainte de persécution ni de restriction.

Pour comprendre pleinement la diversité religieuse et la liberté spirituelle en Mongolie, il est essentiel de noter quelques faits supplémentaires :

  1. Renouveau bouddhiste : Le renouveau du bouddhisme en Mongolie après 1990 n’a pas seulement été quantitatif mais qualitatif, diversifiant les courants bouddhistes présents, incluant des mouvements inspirés par le Nouvel Âge et le monothéisme.
  2. Impact éducatif des monastères bouddhistes : Historiquement, les monastères étaient non seulement des centres religieux, mais également des centres éducatifs et culturels, où la littérature, l’art et la médecine traditionnels étaient enseignés et pratiqués.
  3. Chamanisme moderne : Le renouveau du chamanisme ne se limite pas à la Mongolie rurale. Dans les centres urbains, certains chamanes modernes adaptent leurs pratiques aux besoins contemporains et spirituels d’une population en pleine mutation.

La Mongolie est un exemple remarquable de résilience et de renouveau religieux. Des vagues de répression aux renaissances spirituelles, les traditions bouddhistes et chamaniques ont non seulement survécu mais prospéré, prouvant que l’esprit humain maintient fermement ses racines culturelles et religieuses. Ce paysage religieux complexe et en perpétuelle évolution témoigne de la profondeur historique de la Mongolie ainsi que de sa capacité à embrasser le changement tout en restant fidèle à ses traditions ancestrales.