La Mongolie, située en Asie centrale, a un système politique qui s’ancre dans la démocratie représentative multipartite. Ce modèle semi-présidentiel, adoptant les caractéristiques d’autres démocraties du monde, accorde au gouvernement le pouvoir exécutif dirigé par le Premier ministre et réserve au Président des fonctions limitées, contrairement à une république présidentielle classique. Le pouvoir législatif est entre les mains du Parlement, tandis que le judiciaire conserve une indépendance stricte vis-à-vis des autres branches du gouvernement.
La période socialiste et le gouvernement d’un seul parti
Pour les voyageurs qui se rendent en Mongolie, il est essentiel de comprendre le contexte historique marquant de la période socialiste qui a façonné le pays contemporain. Après la Révolution mongole de 1921, la Mongolie adopta une constitution socialiste basée sur celle de l’Union soviétique, établissant un système de gouvernement à parti unique. Le Parti révolutionnaire du peuple mongol (PRPM) était le seul parti officiel, et toute opposition politique était sévèrement réprimée. Les dirigeants qui s’opposaient à l’influence soviétique étaient souvent exécutés ou envoyés dans des camps de travail. Durant cette période, la collectivisation de l’élevage, l’introduction de l’agriculture moderne et une urbanisation limitée ont été mises en œuvre, généralement sans opposition notable de la population.
Le mouvement démocratique
Les réformes de la perestroïka en Union soviétique et les mouvements pro-démocratiques en Europe de l’Est influencèrent profondément la politique mongole. Le 10 décembre 1989, la première manifestation pro-démocratie eut lieu à Oulan-Bator, où Tsakhiagiin Elbegdorj annonça la création de l’Union démocratique mongole. Les mois suivants, des activistes organisèrent des manifestations, des grèves de la faim et des rassemblements soutenus par une importante partie de la population tant urbaine que rurale. Le mouvement réussit à mettre suffisamment de pression sur le Comité central du Parti révolutionnaire du peuple mongol, qui accéda aux demandes de négociations.
Le 9 mars 1990, Jambyn Batmönkh, président du Comité politique, dissout celui-ci et démissionna, ouvrant ainsi la voie aux premières élections multipartites en Mongolie. Ce fut la première transition réussie de l’Asie du communisme à la démocratie.
Le système multipartite
La révolution de 1990 entraîna des amendements constitutionnels, supprimant le rôle prédominant du PRPM, légalisant les partis d’opposition et créant un corps législatif permanent ainsi que la fonction présidentielle. Les premières élections multipartites pour le Grand Khoural du peuple (chambre haute du Parlement) se sont tenues le 29 juillet 1990. Le PRPM en remporta 85 % des sièges. Après l’adoption de la nouvelle constitution en 1992, le système représentatif de la Mongolie fut restructuré, créant le Grand Khoural d’État monocaméral avec 76 membres élus. La constitution stipula que le président serait élu directement par le peuple, et en juin 1993, Punsalmaagiin Ochirbat fut élu premier président démocratiquement élu.
Développements politiques
Jusqu’en juin 1996, le Parti révolutionnaire du peuple mongol (PRPM) dominait la scène politique mongole. En 1996, la Coalition de l’union démocratique, dirigée par Tsakhiagiin Elbegdorj, remporta une victoire historique, obtenant 50 des 76 sièges parlementaires. Ceci marqua une tournure politique significative avec une alternance des pouvoirs pour la première fois depuis des décennies. En 1997, Natsagiin Bagabandi du PRPM fut élu président, fonction qu’il occupa jusqu’en 2005 après une réélection en 2001. En 2008, malgré une majorité parlementaire obtenue par le PRPM, une coalition avec le Parti démocrate fut formée.
En 2009, Tsakhiagiin Elbegdorj, candidat du Parti démocrate, remporta l’élection présidentielle, devenant le premier président mongol à ne jamais avoir été membre du PRPM. En 2012, le Parti démocrate devint majoritaire au Parlement, formant un gouvernement de coalition avec le Parti de la volonté civile-Verts et la Coalition de la justice. Tsakhiagiin Elbegdorj fut réélu en 2013.
Les élections de 2016 furent une défaite retentissante pour le Parti démocrate, réduisant son influence à seulement 9 sièges. Cependant, Khaltmaagiin Battulga, issu du Parti démocrate, remporta l’élection présidentielle de 2017. En 2020, le Parti du peuple mongol fut réélu avec une majorité écrasante au Parlement. Par la suite, en janvier 2021, Luvsannamsrai Oyun-Erdene devint Premier ministre, représentant une nouvelle génération de leaders ayant étudié à l’étranger. En juin 2021, l’ancien Premier ministre Ukhnaa Khurelsukh devint le sixième président élu démocratiquement.
La branche exécutive et le rôle du président
Les candidats à la présidence sont généralement nommés par les partis représentés au Parlement et sont élus par suffrage universel pour un mandat de six ans non renouvelable. Le président est le chef de l’État, le commandant en chef des forces armées et dirige le Conseil de sécurité nationale. Bien que le président possède des pouvoirs exécutifs limités, il représente le pays à l’international, signe des traités et conseille le cabinet sur les questions socioéconomiques. Après l’élection, le président doit renoncer à toute affiliation politique pour agir en tant que « symbole de l’unité ».
Le cabinet
Le cabinet, dirigé par le Premier ministre, a un mandat de quatre ans. Le président nomme le Premier ministre après chaque élection parlementaire et approuve les membres du gouvernement sur recommandation du Premier ministre. Si un consensus ne peut être atteint, la question est soumise au Grand Khural d’État. La dissolution du gouvernement peut venir de la démission du Premier ministre, de la démission simultanée de la moitié du cabinet ou d’un vote de censure au Parlement. Le Premier ministre détient la plupart des pouvoirs exécutifs et choisit généralement les membres du cabinet parmi sa majorité parlementaire.
L’assemblée nationale
Le Grand Khural d’État est une assemblée législative monocamérale composée de 76 sièges. Les élections parlementaires ont lieu tous les quatre ans, et tous les citoyens mongols âgés de 18 ans ou plus peuvent voter ou se présenter aux élections.
Les partis politiques et les élections
La politique mongole est actuellement dominée par deux grands partis politiques : le Parti du peuple mongol et le Parti démocrate. Depuis la révolution démocratique de 1990, le Parti du peuple mongol a maintenu un haut niveau de soutien. D’autre part, le Parti démocrate a été formé en 2000, intégrant des partis mineurs issus de la révolution démocratique. En 2020, un nouveau parti, le Parti national du travail, a émergé comme une alternative aux deux grands partis traditionnels. Aux élections législatives de 2020, le Parti du peuple mongol a conservé sa majorité au Parlement.
Système juridique
La nouvelle constitution a créé un Conseil général judiciaire chargé de sélectionner tous les juges et de protéger leurs droits. La Cour suprême est l’organe judiciaire le plus élevé. Les justices y sont nommées par le Conseil général judiciaire, confirmées par le Parlement et nommées par le président. En plus de la Cour suprême, des tribunaux spécialisés civils, criminels et administratifs existent à tous les niveaux. Au sommet du système judiciaire, se trouve la Cour constitutionnelle de Mongolie, composée de neuf membres nommés pour un mandat de six ans.
Les divisions administratives
La Mongolie est divisée en 21 aimags (provinces) et une municipalité (Oulan-Bator). Les élections locales ont lieu tous les quatre ans dans toutes les provinces et la capitale, élisant des représentants aux conseils municipaux. Les gouverneurs provinciaux sont choisis par le Premier ministre. Contrairement aux républiques fédérales comme l’Allemagne, les gouvernements locaux en Mongolie détiennent une autorité limitée et sont chargés de la mise en œuvre des politiques du gouvernement central.
En somme, la Mongolie a parcouru un long chemin depuis sa domination par la dynastie Qing et le régime communiste. Aujourd’hui, elle se dresse comme une démocratie représentative dynamique avec un système multipartite. Le pays connaît une évolution économique et politique constante, consolidant son statut de nation autonome et dynamique sur la scène internationale.