La Mongolie, une terre de vastes steppes et de traditions séculaires, est habitée par une population pour qui le langage est central. Majoritairement, la population s’exprime en Mongol, un idiome ancré dans l’histoire et riche en diversité linguistique. Cependant, cette réalité ne se résume pas simplement à une langue unique. La mosaïque linguistique de la Mongolie révèle une palette qui va bien au-delà de cette simple affirmation.
La langue mongole et ses patrimoines linguistiques
Le mongol appartient à la famille des langues altaïques, autrefois liée aux langues turques, coréennes et japonaises. Cette idée, bien que contestée aujourd’hui, souligne une histoire commune et une richesse linguistique. En Mongolie extérieure, c’est le khalka mongol, un dialecte majoritaire enseigné dans les écoles et utilisé dans la vie quotidienne. Ce dialecte est également prédominant en Mongolie intérieure, une région autonome de la Chine, bien que cette dernière présente une plus grande diversité dialectale.
L’origine du mongol est associée aux langues proto-mongoliques, comme le khitan, un langage ancien dont les inscriptions sur des pierres marquent les tombes des nobles. On peut encore voir certains de ces vestiges au Musée national d’histoire de la Mongolie.
L’évolution du mongol est généralement divisée en trois périodes : ancien, moyen et moderne. L’ancien mongol, assez peu connu en raison du peu de documents survivants, a été reconstruit par les linguistes en comparant les enregistrements existants avec d’autres langues. Il est à noter que la forme écrite traditionnelle du mongol, utilisant des traits de pinceau et un texte vertical, remonte à cette époque.
La période du mongol moyen a vu l’introduction de nouveaux scripts et une conversion massive au bouddhisme tibétain, apportant des influences linguistiques du tibétain, de l’ouïghour, du sanskrit et du chinois. Cette période coïncide également avec l’expansion de l’empire mongol, ce qui a conduit certains dialectes à devenir des langues isolées. Le mongol moderne, quant à lui, a connu une standardisation au 17ème siècle sous l’impulsion de Zanabazar, le moine de la Renaissance mongole, qui a créé l’alphabet Soyombo, aujourd’hui symbole national sur le drapeau mongol.
Les différentes écritures du mongol
Le mongol a été écrit dans divers alphabets au fil du temps, avec l’un des plus anciens étant le script utilisé sur la stèle de Yisüngge, datant de 1224 ou 1225. Pendant la période de la dynastie Yuan, le mongol était appelé “Guoyu”, signifiant “langue nationale” en chinois. Au 17ème siècle, une langue mongole classique hautement standardisée a vu le jour, avec des documents notables comme le Kangyur et le Tengyur. L’alphabet Soyombo de 1686 est l’un des témoins marquants de cette écriture traditionnelle.
Cependant, la période la plus influente pour l’écriture mongole est sans doute le 20ème siècle, où l’influence russe a introduit l’alphabet cyrillique en Mongolie. Cela a eu pour effet d’accroître le taux d’alphabétisation considérablement. En effet, le taux de littératie a sauté de 17,3 % à 73,5 % entre 1941 et 1950 après l’adoption du cyrillique. Il est intéressant de noter qu’il y a une initiative en cours pour réintroduire officiellement l’ancienne écriture traditionnelle d’ici 2025.
Dialectes et variétés parlées
Le mongol est riche en dialectes, et il y a souvent débat pour déterminer si certaines variantes sont des dialectes du mongol ou des langues distinctes. Les dialectes du mongol sont classés en quatre branches distinctes selon Juha Janhunen : le khalkha mongol en Mongolie, plus diversifié en Mongolie intérieure en Chine, et d’autres variétés comme le buryat et l’oirat, principalement en Russie.
En parlant des dialectes, il est fascinant de noter quelques différences distinctives entre les langues standard de Mongolie et de Mongolie intérieure. Par exemple, la prononciation et certaines structures grammaticales varient sensiblement entre ces deux régions en raison des influences linguistiques externes, principalement russe et chinoise. Lors de voyages en Mongolie, il devient évident que ces distinctions dialectales enrichissent la compréhension culturelle et linguistique de la région. Par conséquent, une sensibilité particulière à ces différences peut offrir une perspective approfondie sur la complexité linguistique du monde mongol.
Au-delà du mongol : les autres langues parlées en Mongolie
S’il est vrai que le mongol reste la langue dominante avec 95 % de la population le parlant, il existe d’autres langues mongoliques en usage. Le buryat et l’oirat, tous deux parlés respectivement au nord et à l’ouest de la Mongolie, sont de parfaits exemples. Cependant, le buryat est principalement parlé en République de Bouriatie en Russie.
Pendant l’ère soviétique, la Mongolie a subi une influence russe profonde qui a laissé une empreinte linguistique. Le russe était couramment parlé et enseigné. De plus, certains Mongols ont maîtrisé l’allemand après avoir étudié en Allemagne de l’Est, renforçant ainsi les liens avec le bloc de l’Est sous influence soviétique.
Avec l’effondrement de l’Union soviétique et l’ouverture au marché global, l’anglais a pris un essor significatif en Mongolie, devenant la langue étrangère la plus couramment apprise. Certains Mongoliens se tournent également vers le coréen, surtout en raison de la migration vers la Corée du Sud, où réside la plus grande population de Mongols vivant à l’étranger.
Impact des langues turques et autres influences
Les langues turques comme le kazakh et le tuvan sont parlées par une minorité de populations en Mongolie. Le kazakh, par exemple, est prédominant dans l’ouest du pays, particulièrement dans la région de Bayan-Ölgii, reflétant la proximité géographique avec le Kazakhstan, même si les deux pays ne partagent pas de frontière directe.
Les divers déplacements et courants migratoires continuent de façonner le paysage linguistique de la Mongolie. Par exemple, les langues occidentales comme l’anglais et l’allemand gagnent en importance en raison de la participation croissante de la Mongolie au marché mondial. L’apprentissage de ces langues est souvent perçu comme une passerelle vers de meilleures opportunités économiques et éducatives.
La langue mongole, avec ses diverses variantes dialectales et ses influences multiples, est un reflet fidèle de l’histoire et de la culture de la Mongolie. Bien que le mongol demeure la langue prédominante, la présence d’autres langues mongoliques comme le buryat et l’oirat, ainsi que l’influence des langues étrangères telles que le russe, l’allemand et l’anglais, attestent de la richesse linguistique de ce territoire. La Mongolie, avec son passé historique, ses transformations socio-politiques, et son ouverture sur le monde, offre un panorama linguistique fascinant et en constante évolution.