La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier)

Traités

Le traité de Paris, qui institue la CECA, a été signé le 18 avril 1951 par « les six pays de l’intérieur »: France, Allemagne de l’Ouest, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg (Benelux). La CECA a été la première organisation internationale à se fonder sur des principes supranationaux et, par l’établissement d’un marché commun du charbon et de l’acier, elle visait à développer les économies, à accroître l’emploi et à élever le niveau de vie dans la Communauté. Le marché était également destiné à rationaliser progressivement la distribution de la production à haut niveau tout en assurant la stabilité et l’emploi. Le marché commun du charbon a été ouvert le 10 février 1953 et celui de l’acier le 1er mai 1953.Dès son entrée en vigueur, la CECA a progressivement remplacé l’Autorité internationale pour la Ruhr.13 ans

Le 11 août 1952, les Etats-Unis ont été les premiers non membres de la CECA à reconnaître la Communauté et ont déclaré qu’ils allaient maintenant traiter avec la CECA dans le domaine du charbon et de l’acier, établissant leur délégation à Bruxelles. Monnet a répondu en choisissant Washington D. C. comme site de la première présence extérieure de la CECA. Le titre du premier bulletin de la délégation était intitulé « Vers un gouvernement fédéral de l’Europe ».

Six ans après le traité de Paris, les traités de Rome ont été signés par les six membres de la CECA, qui ont créé la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom). Ces Communautés ont été fondées, avec quelques adaptations, sur la CECA. Les Traités de Rome devaient être en vigueur indéfiniment, contrairement au Traité de Paris, qui devait expirer après cinquante ans. Ces deux nouvelles Communautés ont travaillé à la création d’une union douanière et d’une communauté nucléaire respectivement.Les traités de Rome ont été ratifiés à la hâte juste avant que De Gaulle ne se voit conférer des pouvoirs d’urgence et proclamer la Cinquième République.Malgré ses efforts pour « chloroformer » les Communautés, leurs domaines se sont rapidement étendus et la CEE est devenue l’instrument le plus important de l’unification politique, éclipsant la CECA.

Fusion et expiration

Bien qu’étant des entités juridiques distinctes, la CECA, la CEE et Euratom partageaient initialement l’Assemblée commune et la Cour de justice des Communautés européennes, bien que les Conseils et la Haute Autorité/Commissions soient restés séparés. Afin d’éviter les doubles emplois, le traité de fusion a fusionné ces deux organes distincts de la CECA et d’Euratom avec la CEE. La CEE est devenue par la suite l’un des trois piliers de l’Union européenne actuelle.

Le traité de Paris a souvent été modifié à mesure que la CE et l’UE évoluaient et s’élargissaient. Le traité venant à expiration en 2002, le débat a commencé au début des années 1990 sur les modalités d’application du traité. Il a finalement été décidé de la laisser expirer. Les domaines couverts par le traité CECA ont été transférés au traité de Rome et les difficultés financières et le fonds de recherche CECA ont été traités par un protocole du traité de Nice. Le traité a finalement expiré le 23 juillet 2002.Ce jour-là, le drapeau CECA a été abaissé pour la dernière fois en dehors de la Commission européenne à Bruxelles et remplacé par le drapeau européen.

Institutions

Les institutions de la CECA étaient la Haute Autorité, l’Assemblée commune, le Conseil spécial des ministres et la Cour de justice. Un Comité consultatif a été créé aux côtés de la Haute Autorité, en tant que cinquième institution représentant la société civile. Il s’agit de la première représentation internationale des consommateurs dans l’histoire. Ces institutions ont été fusionnées en 1967 avec celles de la Communauté européenne, qui régissaient alors la CECA, à l’exception du Comité, qui est resté indépendant jusqu’ à l’expiration du traité de Paris en 2002.16 ans!

Le Traité stipulait que le choix du siège des institutions serait décidé d’un commun accord par les membres, mais la question était vivement contestée. En guise de compromis temporaire, les institutions ont été provisoirement installées dans la ville de Luxembourg, bien que l’Assemblée ait son siège à Strasbourg.

Haute Autorité

La Haute Autorité, qui a précédé la Commission européenne, était un organe exécutif de neuf membres qui régissait la Communauté. L’Autorité était composée de neuf membres en fonction pour un mandat de six ans. Huit de ces membres ont été nommés par les gouvernements des six signataires.Ces huit membres ont ensuite nommé eux-mêmes une neuvième personne à la présidence de la Haute Autorité.

Bien que nommés d’un commun accord par les gouvernements nationaux, les membres se sont engagés à ne pas représenter leurs intérêts nationaux, mais à prêter serment pour défendre les intérêts généraux de la Communauté dans son ensemble. Leur indépendance a été favorisée par le fait que les membres se sont vu interdire toute occupation à l’extérieur de l’Administration ou tout intérêt commercial (payés ou non payés) pendant leur mandat et pendant trois ans après qu’ils ont quitté leur poste. Afin d’assurer davantage l’impartialité, un tiers des membres devait être renouvelé tous les deux ans (article 10).

La principale innovation de l’Autorité a été son caractère supranational. Il dispose d’un vaste domaine de compétence pour veiller à la réalisation des objectifs du traité et au bon fonctionnement du marché commun. La Haute Autorité peut édicter trois types d’instruments juridiques: les décisions, qui sont des lois entièrement contraignantes; les recommandations, qui ont des objectifs contraignants mais dont les méthodes sont laissées aux États membres; et les avis, qui n’ont pas de valeur juridique.

Jusqu’ à la fusion en 1967, l’autorité comptait cinq présidents, suivis d’un président par intérim qui siégait pour les derniers jours.