La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier)

Autres institutions

L’Assemblée commune (qui deviendra plus tard le Parlement européen) est composée de 78 représentants et exerce des pouvoirs de contrôle sur la Haute Autorité exécutive. Les représentants de l’Assemblée commune devaient être des parlementaires nationaux délégués chaque année par leurs parlements à l’Assemblée ou directement élus « au suffrage universel » (article 21), bien qu’il s’agisse dans la pratique du premier, car il n’était pas nécessaire de tenir des élections avant les Traités de Rome et pas d’élection effective avant 1979, puisque Rome exigeait d’abord un accord au Conseil sur le système électoral. Cependant, pour souligner que la Chambre n’est pas une organisation internationale traditionnelle composée de représentants des gouvernements nationaux, le Traité de Paris utilise l’expression « représentants des peuples ».L’Assemblée n’était pas prévue à l’origine dans le Plan Schuman parce qu’on espérait que la Communauté utiliserait les institutions (Assemblée, Cour) du Conseil de l’Europe. Lorsque cela est devenu impossible à cause des objections britanniques, il a fallu créer des institutions distinctes. L’Assemblée se voulait un contrepoids démocratique et un contrôle auprès de la Haute Autorité, pour conseiller mais aussi pour avoir le pouvoir de limoger l’Autorité pour incompétence, injustice, corruption ou fraude. Le premier président (du Président de la Chambre des représentants) était Paul-Henri Spaak.

Le Conseil spécial des ministres (équivalent de l’actuel Conseil de l’Union européenne) était composé de représentants des gouvernements nationaux. La présidence a été exercée par chaque Etat pendant trois mois, en alternance par ordre alphabétique. L’un de ses aspects essentiels a été l’harmonisation des travaux de la Haute Autorité avec ceux des gouvernements nationaux, qui sont toujours responsables des politiques économiques générales de l’Etat. Le Conseil a également été invité à émettre des avis sur certains domaines d’activité de la Haute Autorité. Les questions relatives uniquement au charbon et à l’acier relevaient du domaine exclusif de la Haute Autorité et, dans ces domaines, le Conseil (contrairement au Conseil moderne) ne pouvait agir qu’en tant que contrôle de l’Autorité. Toutefois, les zones situées en dehors du charbon et de l’acier ont nécessité l’accord du Conseil.

La Cour de justice devait veiller au respect du droit CECA ainsi qu’ à l’interprétation et à l’application du traité. La Cour était composée de sept juges, nommés d’un commun accord par les gouvernements nationaux pour une durée de six ans. Il n’était pas nécessaire que les juges aient une certaine nationalité, mais simplement qu’ils soient qualifiés et que leur indépendance soit incontestable. La Cour était assistée de deux avocats généraux.

Le Comité consultatif (semblable au Comité économique et social) comptait entre 30 et 50 membres répartis à parts égales entre les producteurs, les travailleurs, les consommateurs et les négociants du secteur du charbon et de l’acier. Encore une fois, il n’ y avait pas de quotas nationaux et le traité exigeait que les représentants des associations européennes organisent leurs propres procédures démocratiques. Ils devaient établir des règles pour que leurs membres soient pleinement représentatifs de la société civile organisée démocratique. Les membres ont été nommés pour deux ans et n’étaient liés par aucun mandat ou instruction des organisations qui les avaient nommés. Le Comité a eu une assemblée plénière, un bureau et un président. Là encore, les procédures démocratiques requises n’ont pas été mises en place et la nomination de ces membres est restée du ressort des ministres nationaux. La Haute Autorité est tenue de consulter le Comité dans certains cas où cela est approprié et de le tenir informé. Le Comité consultatif est resté séparé (malgré la fusion des autres institutions) jusqu’en 2002, date d’expiration du Traité et de la reprise de ses fonctions par le Comité économique et social (CES). Malgré son indépendance, le Comité a coopéré avec le CES lorsqu’il a été consulté sur la même question.