Fonctionnement de l’Union Européenne

La Cour de justice: faire respecter la loi

La Cour de justice des Communautés européennes (souvent appelée simplement « la Cour ») date du tout premier traité de l’UE, le traité CECA de 1952. Elle est basée au Luxembourg.

Il a pour mission de veiller à ce que la législation de l’UE soit interprétée et appliquée de la même manière dans tous les pays de l’UE, afin que la loi soit égale pour tous. Elle veille, par exemple, à ce que les tribunaux nationaux ne rendent pas des décisions différentes sur la même question.

La Cour veille également à ce que les Etats membres de l’UE et les institutions fassent ce que la loi exige. La Cour a le pouvoir de régler les litiges entre les Etats membres de l’UE, les institutions européennes, les entreprises et les particuliers.

La Cour est composée d’un juge par Etat membre, de sorte que les 27 systèmes juridiques nationaux de l’UE sont représentés. Toutefois, pour des raisons d’efficacité, la Cour siège rarement en formation plénière. Il siège habituellement en tant que Grande Chambre de 13 juges seulement ou en chambres de cinq ou trois juges.

La Cour est assistée de huit avocats généraux. Leur rôle est de rendre des avis sur les affaires portées devant la Cour. Ils doivent le faire de façon publique et impartiale.

Les juges et les avocats généraux sont des personnes dont l’impartialité est incontestable. Ils possèdent les qualifications ou les compétences requises pour être nommés aux plus hautes fonctions judiciaires dans leur pays d’origine. Ils sont nommés à la Cour de justice par accord conjoint entre les gouvernements des États membres de l’UE. Chacun est nommé pour un mandat de six ans renouvelable.

Afin d’aider la Cour de justice à faire face au grand nombre d’affaires dont elle est saisie et d’offrir aux citoyens une meilleure protection juridique, un Tribunal de première instance a été créé en 1988. Cette juridiction (qui est rattachée à la Cour de justice) est chargée de statuer sur certains types d’affaires, notamment les recours formés par des particuliers, des entreprises et certaines organisations, ainsi que sur les affaires relevant du droit de la concurrence. Cette juridiction est également composée d’un juge de chaque pays de l’UE.

Le Tribunal de la fonction publique de l’Union européenne statue sur les litiges entre l’Union européenne et sa fonction publique. Ce tribunal est composé de sept juges et rattaché au Tribunal de première instance.

La Cour de justice, le Tribunal de première instance et le Tribunal de la fonction publique ont chacun un président choisi par leurs collègues juges pour un mandat renouvelable de trois ans. Vassilios Skouris a été élu président de la Cour de justice en 2003. Bo Vesterdorf est président du Tribunal de première instance depuis 1998. Paul J. Mahoney est Président du Tribunal de la fonction publique depuis 2005.

Que fait la Cour?

La Cour statue sur les affaires dont elle est saisie. Les cinq types de cas les plus courants sont:

  1. les demandes de décision préjudicielle; et
  2. les actions pour manquement à une obligation;
  3. les recours en annulation;
  4. les actions pour défaut d’agir;
  5. les actions en manquement
  6. actions en dommages-intérêts.

Elles sont décrites plus en détail ci-dessous.

1. La procédure préjudicielle

Les tribunaux nationaux de chaque pays de l’UE sont chargés de veiller à ce que le droit communautaire soit correctement appliqué dans ce pays. Mais il existe un risque que les tribunaux de différents pays interprètent le droit communautaire de différentes manières.

Pour éviter que cela ne se produise, il existe une procédure de décision préliminaire. Cela signifie que si une juridiction nationale a des doutes quant à l’interprétation ou à la validité d’une décision de lan Le droit communautaire peut, et doit parfois, demander conseil à la Cour de justice. Cet avis est donné sous la forme d’une décision préliminaire.

2. Recours en manquement à une obligation

La Commission peut engager cette procédure si elle a des raisons de penser qu’un État membre manque aux obligations qui lui incombent en vertu du droit communautaire. Ces procédures peuvent également être engagées par un autre pays de l’UE.

Dans les deux cas, la Cour enquête sur les allégations et rend son jugement. L’État membre accusé, s’il est effectivement reconnu coupable, doit tout de suite remédier à la situation. Si la Cour constate que l’État membre n’ a pas exécuté son arrêt, elle peut infliger une amende à ce pays.

3. Recours en annulation

Si l’un des États membres, le Conseil, la Commission ou le Parlement estime (sous certaines conditions) qu’une loi de l’UE est illégale, ils peuvent demander à la Cour de l’annuler.

Ces recours en annulation peuvent également être utilisés par des particuliers qui souhaitent que la Cour annule une loi particulière parce qu’elle les affecte directement et défavorablement en tant qu’individus.

Si la Cour constate que la loi en cause n’ a pas été correctement adoptée ou qu’elle n’est pas correctement fondée sur les traités, elle peut déclarer la loi nulle et non avenue.

4. Recours en carence

Le traité impose au Parlement européen, au Conseil et à la Commission de prendre certaines décisions dans certaines circonstances. S’ils ne le font pas, les États membres, les autres institutions de l’UE et (sous certaines conditions) les particuliers ou les entreprises peuvent déposer une plainte auprès de la Cour afin que cette carence soit officiellement constatée.

5. Actions en dommages-intérêts

Toute personne ou société qui a subi un préjudice du fait de l’action ou de l’inaction de la Communauté ou de son personnel peut introduire un recours en indemnité devant le Tribunal de première instance.

 

Comment le travail de la Cour est-il organisé?

Les affaires sont soumises au greffe et un juge et un avocat général sont désignés pour chaque affaire.

La procédure qui suit se déroule en deux étapes: d’abord une phase écrite et ensuite une phase orale.

Dans un premier temps, toutes les parties concernées soumettent des déclarations écrites et le juge chargé de l’affaire rédige un rapport résumant ces déclarations et le contexte juridique de l’affaire.

Puis vient la deuxième étape: l’audience publique. Selon l’importance et la complexité de l’affaire, cette audience peut se dérouler devant une chambre de trois, cinq ou treize juges ou devant la Cour dans son ensemble. Lors de l’audience, les avocats des parties plaident leur cause devant les juges et l’avocat général, qui peuvent les interroger. L’avocat général donne ensuite son avis, après quoi les juges délibèrent et rendent leur jugement. Cela ne suivra pas nécessairement l’avis de l’avocat général.

Les arrêts de la Cour sont arrêtés à la majorité et prononcés lors d’une audience publique. Les opinions dissidentes ne sont pas exprimées. Les décisions sont publiées le jour de la remise.

La procédure devant le Tribunal de première instance est similaire, sauf qu’il n’ y a pas d’avis de l’avocat général.